L’accueil

La représentation est prévue à 15 heures. Elle est donnée pour les enfants d’une halte-garderie de la ville qui accueille le festival. Avec le personnel de la halte-garderie, nous attendons les enfants et leurs parents à 14 h 30 à l’entrée du site. Pour compléter l’équipe encadrante, des mamans se sont portées volontaires. En effet, pour accompagner 18 enfants, il faut 9 adultes. Quand tout le monde est arrivé, nous prenons le chemin de la roulotte, qui se situe un peu plus loin dans le parc. Philippe Saumont, le créateur du spectacle, nous attend assis devant. Il joue d’un drôle d’instrument, appelé hang. Un membre de la compagnie nous invite à nous asseoir tout autour de lui. L’accueil du public occupe une place centrale dans les projets de Philippe. Pour lui, les spectateurs ont besoin de ce temps pour découvrir le lieu tranquillement et pour se préparer à recevoir le spectacle. Philippe interpelle les enfants, il les invite à se présenter, puis à venir jouer de son instrument. L’heure approche, il est temps à présent de monter dans la roulotte. Philippe s’occupe du placement. Il s’installera plus tard à la régie. Les enfants prennent place sur les petits coussins posés ça et là sur le sol de la roulotte. Les adultes s’installent comme ils peuvent, tout en gardant à portée de bras les enfants les plus intimidés. Sandrine, la marionnettiste, monte la dernière dans la roulotte. Elle se présente et explique aux enfants que, pendant le spectacle, la porte de la roulotte sera fermée, et qu’il fera sombre… pour mieux profiter du spectacle. Elle signe « à tout à l’heure » avant de disparaître derrière le rideau.

Lumière ! 

La petite scène s’éclaire, elle est recouverte de sable. C’est une plage. De la fumée s’échappe d’un point d’eau glougloutant à l’avant-scène. Une musique douce berce les enfants déjà attentifs. On se croirait dans un cocon… Quand deux mains sortent du sable. Ce sont elles, les héroïnes du spectacle. Drôles d’animaux qui vivent comme les lapins de l’album La Brouille de Claude Boujon, dont le spectacle est inspiré. Elles vont se rencontrer, jouer ensemble, se brouiller et se réconcilier. L’occasion d’aborder les thèmes de la découverte de l’autre, de l’intolérance, du vivre ensemble, thèmes repris dans le dossier pédagogique conçu par la compagnie et mis à disposition de qui souhaiterait exploiter le spectacle avec les enfants (à télécharger sur Internet).

« C’est quoi ça ? » 

Les réactions des enfants sont variées mais, dans l’ensemble, les petits spectateurs sont captivés. Certains sont très actifs : ils commentent ce qu’ils voient, gesticulent sur leur coussin, etc. D’autres, au contraire, ont besoin d’être rassurés et posent fréquemment des questions : « C’est quoi ça ? », « Elle a mal ? », « Pourquoi elle est partie ? ». Dans les bras d’une accompagnatrice, une petite fille gardera, tout le long du spectacle, les mains sur ses oreilles. « Elle a peur du bruit », apprendra-t-on par la suite. Tandis qu’un petit garçon s’endormira assis sur son coussin. Ni les applaudissements, ni le remue-ménage à la fin du spectacle ne le réveilleront.

Après le spectacle…

Le spectacle a duré 30 minutes. Difficile pour de si jeunes enfants de se concentrer plus longtemps ! À la sortie de la roulotte, ils découvrent un espace de jeux sensoriels dans lequel ils pourront expérimenter leur sens du toucher et retrouver les éléments du spectacle, tels que les gants à suspendre sur le fil à linge. Les mains étant les héroïnes du spectacle, cela s’imposait ! Puis il est temps de se quitter, les parents attendent avec le goûter : c’est l’heure de rentrer. Que retiendront nos petits spectateurs de ce moment ? Le rôle du théâtre et de l’art en général étant de provoquer l’imaginaire, d’éveiller la sensibilité, de stimuler l’esprit critique et de provoquer des émotions, inutile d’en attendre des résultats immédiats et quantifiables… Toutefois, nul doute que chacun gardera longtemps ce petit moment passé dans une roulotte au creux de la main.

Merci à Laure Konopnicki, responsable du service petite enfance de la mairie de Blagnac, au personnel de la halte-garderie Cendrillon, aux enfants et à leurs parents, à Caroline Caire du festival Luluberlu, et bien sûr aux membres de la compagnie de théâtre des Tarabates.

Reportage réalisé par Paule Battault.