Si l’on connaît aujourd’hui les effets néfastes du soleil sur toutes les peaux, il en est une à surveiller d’encore plus près : celle des bébés. Car c’est dans l’enfance que se joue notre « capital soleil », cette quantité de rayons que notre peau est capable de recevoir tout au long de notre vie sans risque de développer un cancer cutané. Le dossier de Picoti de ce mois-ci propose donc les conseils avisés de Claire Geoffray, dermatologue. Elle nous parle aussi de toutes ces petites choses qui peuvent agresser la peau encore immature des petits : plantes, eau, sable et autres petites bêtes de l’été n’ont qu’à bien se tenir !

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Pourquoi le soleil est-il dangereux pour la peau de bébé ?

Claire Geoffray : L’exposition au soleil est dangereuse pour toutes les peaux, mais encore plus pour celle des bébés, car elle est très fine et très fragile. Les tout-petits ont un système pigmentaire immature : cela signifie qu’ils n’ont pas encore eu le temps de mettre en place les phénomènes naturels de protection (épaississement de la peau et bronzage). Ils sont donc plus susceptibles d’attraper des coups de soleil. Or, des coups de soleil nombreux dans l’enfance sont des facteurs de risque pour le développement, plus tard dans la vie, des mélanomes. On ne conseillera donc jamais assez aux parents d’être extrêmement vigilants, d’autant plus que l’enfant lui-même est incapable de se rendre compte qu’il est en train de brûler !

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Comment le protéger correctement du soleil ?

C. G. : Dès qu’il fait beau, les parents ne doivent pas hésiter à « surprotéger » leur enfant du soleil : mieux vaut trop que pas assez ! En premier lieu, je dirais qu’il faut éviter que le tout-petit s’expose pendant les heures chaudes de la journée, entre 11 heures et 16 heures. Lors des sorties (à la plage, mais aussi au parc, sur le chemin de la crèche, etc.), je conseille d’utiliser de la crème solaire bien sûr, ainsi que des vêtements spéciaux qui filtrent les UV. Certains proposent des protections « indice 50 », et c’est une très bonne solution ! Il ne faut pas non plus oublier le chapeau et les lunettes de soleil, si le tout-petit accepte de les garder sur le nez… Les parasols sont utiles, mais ne suffisent pas, car ils ne protègent pas de la réverbération. Or, la lumière qui se reflète sur le sable blanc, la mer ou l’eau de la piscine peut aussi provoquer des coups de soleil !

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Quelle crème solaire choisir et comment bien l’appliquer ?

C. G. : Il faut choisir une crème solaire avec un indice de protection maximal (écran 50+) et si possible ne contenant pas de nanoparticules (dont la présence est indiquée sur les tubes). En effet, ces minuscules particules sont suspectées de traverser la barrière épidermique et leur impact sur la santé est encore assez mal connu… De plus, elles sont dangereuses pour l’environnement et la biodiversité, donc : à éviter ! Pour bien appliquer la crème solaire, le mieux est d’en mettre deux couches bien généreuses, à dix minutes d’intervalle, avant d’aller à la plage ou dans le jardin, sans oublier de zones ! Ensuite, on renouvelle l’opération toutes les deux heures et immédiatement après un bain à la piscine ou dans la mer. Quand on a la peau couverte de sable et de sel, il faut se rincer avant l’application, sinon la crème est plus difficile à appliquer.

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L’eau de la piscine et de la mer peut-elle être irritante pour la peau de bébé ?

C. G. : Oui. L’eau de la piscine contient du chlore, ce qui peut dessécher la peau du tout-petit. L’eau salée de la mer et le sable peuvent avoir le même effet irritant et asséchant. Pour éviter que l’enfant soit gêné, il suffit, de retour à la maison, de bien laver sa peau avec des savons doux ou des huiles lavantes, puis de bien l’hydrater avec une crème.

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Dans le jardin, quelles sont les précautions à prendre pour la peau de bébé ?

C. G. : On peut mettre des répulsifs sur les tissus qui entourent bébé (vêtements, poussettes et tapis d’éveil), afin d’éloigner les petites bêtes. En cas de piqûre d’insectes, on veille à bien retirer le dard s’il y en a un, puis on peut utiliser du gel de calamine pour apaiser l’enfant. Dans le jardin, il faut également se méfier des plantes qui peuvent donner des allergies. Certaines, comme le bouton-d’or, le pissenlit, le persil, le figuier…, peuvent provoquer une phytophotodermatose, c’est-à-dire une réaction cutanée apparaissant lors de l’exposition au soleil, après un contact de la plante avec la peau. En prévention, les parents peuvent installer un grand tapis de jeu dans le jardin, pour que leur tout-petit puisse jouer en toute sécurité. Si sa peau présente malgré tout une irritation dans un délai de 48 heures après la journée passée dans le jardin, il suffit de bien rincer la zone à l’eau, puis d’appliquer une crème apaisante pour que la réaction ne se développe pas.

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Comment éviter les boutons de chaleur ?

C. G. : L’été, le bébé peut effectivement attraper des boutons de chaleur, mais c’est sans gravité. Ils apparaissent quand le pore de la peau n’est pas assez large pour évacuer la sueur. Pour les éviter, il faut que le tout-petit reste au frais et ne soit pas trop habillé, afin qu’il ne transpire pas trop. Encore une fois, je conseille le gel de calamine pour apaiser ces petits boutons, si besoin.

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Attention, fragile !

  • La peau des bébés est très fragile, car elle est beaucoup plus fine que celle des adultes, et donc plus sensible aux agressions. Elle se défend aussi moins bien contre les agents infectieux, comme les bactéries, les parasites ou les virus. C’est pourquoi elle demande à être lavée (mais pas trop !) et soignée avec une attention toute particulière.
  • De plus, la peau des tout-petits est en partie perméable. Il faut donc s’abstenir d’y appliquer des produits potentiellement dangereux, comme de l’alcool ou du camphre. Les huiles essentielles, substances concentrées et très puissantes, peuvent également présenter des risques si elles sont en contact direct avec la peau de bébé. Elles pourraient en effet la traverser et intoxiquer votre tout-petit.
  • De ce fait, privilégiez des produits neutres, sans détergents, sans parfum et contenant le moins possible de conservateurs, pour la toilette de votre tout-petit… même s’il n’est pas forcément nécessaire d’utiliser des produits « spécial bébé » !

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Dossier réalisé par Élise Rengot.

Illustration : © Clothilde Delacroix.