Avec la rentrée, votre tout-petit va peut-être commencer à être gardé à la crèche ou par une assistante maternelle. Période d’adaptation, peur de l’inconnu, gros changements de rythme à l’horizon : la rédaction de Picoti magazine s’est intéressé à l’angoisse de séparation chez les bébés pour mieux comprendre son origine et ses manifestations…

On parle de quoi, exactement ?

La réponse de Brune de Bérail, psychologue :

Brune de Bérail« L’angoisse de séparation est une étape normale dans le développement du bébé. C’est la prise de conscience, vers 8 mois, qu’il est une personne à part entière, différenciée de son parent. Jusqu’ici, il pensait ne faire qu’un avec lui… ce qui était très rassurant quant à ses besoins : manger, dormir, être changé, consolé, etc. Puis il comprend que, lorsque son parent part, il reste seul. Il éprouve alors un grand sentiment d’insécurité qui peut se traduire par des pleurs à la séparation, plus de réveils la nuit, trop ou peu d’appétit. Il a peur que son parent ne revienne pas. Cette prise de conscience s’accompagne de ce qu’on appelle la “peur de l’étranger” : Bébé se met à hurler face à une personne qu’il ne connaît pas ou qu’il ne voit pas souvent. L’expérience va progressivement lui permettre d’assimiler qu’il peut vivre sans son parent et, surtout, que ce dernier revient ! »

Permanence de l'objet - Picoti magazine

Tout est lié !

Angoisse de séparation  - Picoti magazine - Septembre 20211. Vers 8 mois, Bébé se reconnaît dans le miroir et comprend peu à peu qu’il est « lui ».

Angoisse de séparation - Picoti magazine - Septembre 20212. Bébé tient assis. Il peut voir le monde à 360° : c’est un début de liberté très angoissant. Il pleure dès que vous vous éloignez.

Angoisse de séparation - Picoti magazine - Septembre 20213. Bébé rampe et gagne en autonomie. C’est l’étape d’exploration. L’angoisse de séparation est presque derrière lui.

1950

Le terme separation anxiety est défini pour la première fois par Hubert Estes, Clarice Haylett et Adelaide Johnson, trois psychothérapeutes américains. Auparavant, en 1926, Freud a théorisé en 1926 la « permanence
de l’objet » dans l’esprit d’un bébé en observant son petit-fils de 18 mois. Faisant rouler un jouet attaché à une corde, le petit Ernst s’extasiait de le faire réapparaître… Une toute-puissance que l’enfant n’a pas sur ses parents !

Et chez la nounou, ça se passe comment ?

« Une période d’adaptation est nécessaire pour permettre à chacun d’y aller à son rythme. Le jour J, je conseille aux parents d’annoncer clairement leur départ et de ne pas faire durer ce moment. Inutile d’exiger un bisou de Bébé : cela revient à lui demander de cautionner la séparation. C’est trop ! Il ne faut pas non plus essayer de détourner son attention ou d’attendre qu’il joue, pour partir en douce. Plus un bébé affrontera cette angoisse, plus il va la gérer. De mon côté, je rassure l’enfant en lui disant : “Je sais que c’est dur, mais Papa / Maman reviendra vite”. Et une fois la porte fermée, les pleurs s’arrêtent rapidement… » Séverine Hapiot, assistante maternelle à Toulouse.


Dossier réalisé par Isabelle Pouyllau.

Illustration principale : Laurent Simon. Illustration typographique : Julie Franza. Photo : © Adobe Stock ; © B. de Bérail.