L’été ne va pas tarder, et avec lui la saison la plus pratique pour enlever les couches. Mais avant de se poser la question de « comment faire », il est essentiel de comprendre « comment ça fonctionne »… Et d’interroger nos idées reçues en matière de contrôle de la vessie et des sphincters.

 

Avant 2 ans, c’est impossible !

L’acquisition de la propreté, c’est avant tout parvenir à contrôler les muscles de sa vessie et ses sphincters. Ce processus physique – le mouvement d’ouvrir et de fermer – s’acquiert entre 18 mois et 3 ans. Avant ça, la partie du cerveau qui commande ce mouvement n’est souvent pas encore prête. Et l’enfant doit également être assez mature. Il doit pouvoir décrypter et nommer ses sensations « intérieures ». Il faut aussi avoir envie de quitter son univers de bébé et de faire « comme les grands ». Et avoir compris qu’il peut laisser partir ses excréments, qu’ils ne sont pas un morceau de son corps.

Il monte les escaliers tout seul ? Il est prêt !

C’est Françoise Dolto qui a donné cet exemple, un peu schématique, pour aider les parents à repérer le bon moment pour enlever les couches. Elle a surtout voulu mettre en avant l’importance de la coordination de mouvement de l’enfant. Pour cela, elle donnait une dizaine d’exemples, comme monter l’escalier, mais aussi verser de l’eau dans son verre ou s’accroupir, par exemple. Mais, encore une fois, le développement psychomoteur ne fait pas tout ! L’enfant doit avoir envie de s’y mettre et les adultes qui s’en occupent doivent être disponibles… Acquérir la propreté, c’est une conjonction de « bons moments ». Et ça ne s’apprend pas, c’est la maîtrise d’une acquisition.

Acquérir la propreté, ça ne s’apprend pas, c’est la maîtrise d’une acquisition.

Quand il sera prêt, ça se fait du jour au lendemain !

C’est un processus que l’on ne peut pas accélérer… au risque de créer de la constipation, des infections urinaires, par exemple, et parfois un sentiment d’échec chez le tout-petit. C’est pour cela qu’il faut garder à l’esprit qu’il faut aller au rythme de l’enfant, avec des allers retours possibles à la couche si besoin. Et certains acquièrent cette maturité plus vite que d’autres tout simplement !

Il ne faut pas revenir à la couche une fois qu’elle a été enlevée !

On peut demander à l’enfant ce qu’il souhaite, car il s’agit de son corps… C’est important de leur faire confiance dans ces moments-là. D’autant plus qu’il y a une différence entre l’acquisition de la propreté le jour et la nuit. Ce n’est pas choquant, ni illogique, de mettre une couche la nuit ou pour un long trajet en voiture au début de cet apprentissage. Il faut savoir être pratique et surtout à l’écoute. Ça ne sert à rien de se mettre des défis difficiles !

Les filles y arrivent plus tôt que les garçons !

Aucune étude scientifique ne le prouve et il n’y a aucune raison physiologique à cela. On dit souvent (de plus en plus à tort espérons-le !) que les petites filles sont plus à l’écoute de leurs corps et de leurs sensations car, souvent, plus encouragées à l’être ! Pour les deux sexes, ce repérage de sensations est essentiel.

Il faut lui proposer le pot à heures fixes !

Dans le temps, les enfants étaient mis sur le pot dès qu’ils savaient s’asseoir, vers 9 mois, et à heures fixes. Cette habitude éducative ne donnait pas un contrôle volontaire des sphincters, mais plutôt un automatisme. Pour autant, notre corps a un reflexe gastro-colique : on a « envie » après un repas… Tout comme entendre l’eau du bain couler donne souvent envie de faire pipi : prévoir alors le pot à porter de main… À nous, adultes, d’être à l’écoute et de proposer le meilleur environnement possible, que ce soit le pot ou le réducteur.

Le pot avant 3 ans, le réducteur après, pour éviter la peur des WC !

C’est important que l’enfant ait le choix, sachant que le pot est toujours moins inquiétant. Les petits font surtout « comme ils voient » les autres faire ! Assis sur les toilettes, les enfants peuvent avoir un marchepied sous les pieds : c’est utile pour bien vider la vessie et être mieux positionné pour vider ses selles (et éviter ainsi la constipation). Pour les petits garçons qui font pipi debout, il est important de ne pas simplement sortir un bout de zizi, mais de baisser le pantalon et le slip, afin de bien vider sa vessie.

Il faut louanger le « cadeau » pour l’encourager !

Vers les 2 ans de l’enfant, l’adulte peut décrire ce qu’il fait au moment de changer la couche : « tu viens de faire pipi, je la mets la à la poubelle et bientôt tu le feras dans un pot ». Nommer amène à être attentif à ses sensations. Le vocabulaire a son importance : le caca, c’est avant tout naturel, et ce n’est pas « sale »… Mais ce n’est pas non plus un cadeau ! On ne fait pas caca, pour faire plaisir à ses parents. Il faut essayer d’être le plus neutre possible et surtout ne pas se fâcher si l’enfant ne fait rien. Pareil pour l’échéance de la rentrée : inutile de lui mettre la pression en lui disant « tu dois être propre sinon tu n’iras pas à l’école ! ».

Le caca, c’est avant tout naturel, et ce n’est pas « sale »…

 

L’école ne le prendra pas s’il n’est pas propre pour la rentrée !

Soyons bien clair : il n’a jamais été écrit dans les textes de loi de l’Éducation nationale que le contrôle des sphincters, et donc « la propreté », est une condition à la scolarisation. Il est écrit que l’enfant doit être « prêt pour aller à l’école ». Depuis la rentrée dernière, avec l’obligation pour l’école d’accueillir des enfants dès 3 ans, il devrait y avoir encore moins de pression. Mais les établissements manquent de personnel, c’est certain. Cela dit, c’est toujours plus simple et rapide de changer une couche-culotte qui s’enfile, qu’un pantalon…


À partir de quand on s’inquiète ?

Certains enfants ont des petites vessies, très actives. C’est ce qu’on appelle l’instabilité vésicale : c’est physiologique. Quand ils ont envie, c’est tout de suite. Et ils peuvent donc avoir des fuites. On pense souvent qu’ils attendent le dernier moment : mais c’est en fait le premier moment pour eux ! Mais, avant 5 ans, on ne parle pas d’énurésie (le fait d’uriner involontairement. C’est une affection qui touche environ 10 % des enfants).

Merci à Monique Busquet, psychomotricienne, et au pédiatre Véronique Desvignes, pour leur expertise.