Espaces de jeu et de rencontre, les lieux d’accueil enfants-parents (LAEP) sont ouverts à tous. Les tout-petits y découvrent la vie en collectivité, quand les adultes y trouvent de l’écoute et du soutien à la parentalité. Le psychologue Nicolas Carrère-Bordehore, accueillant à La Bulle rose, nous en dit plus…

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Que sont les LAEP ?

Nicolas Carrère-Bordehore : Des lieux de vie, tout simplement ! Nous y accueillons les enfants de 0 à 4 ou 6 ans, accompagnés d’un ou plusieurs adultes qu’ils connaissent bien. À La Bulle rose, nous n’organisons pas d’activités mais nous proposons des locaux adaptés aux tout-petits, des jouets, un salon, un jardin… et des accueillants expérimentés ! Financés par la CAF, les LAEP sont aujourd’hui plus de 700 en France, tous différents, mais avec des principes communs, comme l’anonymat des visiteurs et la libre fréquentation du lieu. Chacun vient comme il veut !

 

Pourquoi les LAEP ont-ils été créés ?

N. C.-B. : La Maison verte, l’un des premiers espaces d’accueil enfants-parents, a été créée en 1979 sous l’impulsion de la psychanalyste Françoise Dolto. Celle-ci avait fait le constat que la séparation entre un bébé et ses parents pouvait provoquer des angoisses, si elle était trop brutale. Les LAEP, qui se multiplient à partir des années 1990, sont les héritiers de cette idée innovante de réunir parents et tout-petits dans un même espace. Le bébé peut y faire ses premières expériences sociales hors du cadre familial, avec l’assurance que celui qui l’accompagne restera dans le lieu avec lui. Cela le sécurise et lui donne confiance avant d’aller en crèche ou à l’école.

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En quoi font-ils découvrir au tout-petit la vie en collectivité ?

N. C.-B. : D’abord en lui permettant de rencontrer les autres, enfants comme adultes, et de jouer avec eux. De plus, les LAEP offrent au tout-petit un premier cadre structuré, avec des règles valant pour tous : par exemple, à La Bulle rose, on ne monte pas sur le toboggan avec un jouet à la main. Les enfants ne sont jamais contraints physiquement et nous ne faisons que leur rappeler les règles. Cela leur donne l’occasion de se confronter à la « loi » et d’éprouver la question du choix. Ils peuvent faire tranquillement l’expérience de braver ces règles, ce qui est aussi une forme de découverte de la vie en collectivité.

Qu’est-ce que les LAEP peuvent apporter aux parents ?

N. C.-B. : Ils peuvent se détendre et prendre le temps de discuter avec les autres, sachant que leur enfant évolue dans un espace sécurisé. Les accueillants sont toujours à l’écoute des inquiétudes des parents, ce qui peut parfois suffire à les soulager. Leurs profils sont variés, mais ils ont toujours une pratique d’écoute par ailleurs, qu’ils soient psychologues, éducateurs, enseignants… Forts de leur expérience, ils accueillent la parole de l’adulte et de l’enfant. Ils n’ont toutefois pas vocation à donner des conseils, ni à répondre aux interrogations par un savoir. Ils ne jugent personne et ne fixent pas d’objectifs, ils accompagnent la rencontre.

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Bienvenue à la Bulle Rose !

La Bulle rose est le premier LAEP créé à Toulouse, en 1988. Située dans le quartier des Minimes, elle accueille les enfants de 0 à 4 ans et leurs accompagnants (parents ou autres). Douze accueillants assurent l’ouverture du lieu, du lundi au samedi. Deux temps d’ouverture se font en français et en langue des signes, pour l’accueil des familles sourdes et malentendantes.

Plus d’info sur le site : www.ecoledesparents31.org

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Nicolas Carrère-Bordehore est psychologue.

Il est également accueillant un après-midi par semaine à La Bulle rose.

 


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Dossier réalisé par Elise Rengot.

Illustration : © Laurent Simon